Vitrail commémoratif Arthur James - Churchover, Warwickshire

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1918
Vitrail commémoratif Arthur James - Churchover, Warwickshire

Cette verrière commémorative, réalisée vers 1918 par Arild Rosenkrantz, est dédiée à Arthur James († 1918) et conservée dans l’église paroissiale de Churchover, dans le Warwickshire. Sa datation, immédiatement postérieure à la Première Guerre mondiale, éclaire fortement le choix iconographique et le ton méditatif de l’ensemble.

 

Raphael and Tobias Arthur James memorial window, Churchover - by A Rozenkrantz

La composition se développe en trois lancettes, chacune occupée par une figure majeure de la tradition chrétienne, associée à des thèmes de protection, de jugement et de salut. Dans la lancette gauche, l’archange Raphaël accompagne le jeune Tobie, selon une iconographie traditionnellement liée à la guérison, à la guidance et à la protection divine. L’attitude sereine de Raphaël et la fragilité de Tobie instaurent une atmosphère de sollicitude et d’accompagnement spirituel.

Dans la lancette droite, l’archange saint Michel est figuré tenant une balance, symbole du Jugement dernier et de la pesée des âmes. Sa posture droite et son expression grave introduisent une dimension morale et eschatologique, venant compléter la douceur protectrice de Raphaël et la solennité bienveillante du Christ.

Arthur James memorial window, Churchover - by A Rozenkrantz

La lancette centrale est dominée par la figure du Christ en majesté, représenté assis, la main levée en geste de bénédiction. Cette figure frontale et hiératique constitue l’axe théologique et visuel de la verrière. Le traitement pictural, caractéristique de Rosenkrantz, se distingue par des transitions tonales subtiles, un modelé mesuré et une harmonie équilibrée entre dessin et couleur.

Sous chacune des figures principales se déploie une scène secondaire de petit format, inscrite dans le registre inférieur de chaque lancette. Ces scènes développent, de manière narrative et intimiste, les thèmes évoqués dans les parties supérieures : soins, intervention divine et passage de l’âme vers l’au-delà. Leur échelle réduite incite à une lecture rapprochée et méditative.

Sur le plan stylistique, la verrière illustre pleinement la maturité de Rosenkrantz durant sa période anglaise. Les figures rappellent l’héritage préraphaélite par leurs proportions élancées, leurs visages expressifs et le traitement rythmé des draperies, tandis que la palette — dominée par des bleus, violets et verts nuancés — témoigne d’une sensibilité plus moderne à la lumière et à l’atmosphère. La peinture sur verre, volontairement sobre, laisse la lumière jouer un rôle actif dans l’animation des formes.

Conçue comme mémorial de guerre, la verrière de Churchover se distingue par l’absence de références militaires explicites. Rosenkrantz privilégie une méditation théologique sur la mort et l’espérance, articulée autour de la protection divine, du jugement tempéré par la miséricorde et de la promesse de résurrection. Elle constitue ainsi à la fois un hommage personnel à Arthur James et une expression emblématique de la spiritualité du lendemain de la Grande Guerre.