Tombeau Raffaello Sanzio Morghen - Santa Croce Florence

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1833

 

Ce tombeau néoclassique, dédié au graveur italien Raffaello Sanzio Morghen (décédé en 1833), se trouve dans la basilique Santa Croce de Florence.

Conçu et réalisé par le sculpteur Luigi Pampaloni peu après la mort de Morghen en 1833, le monument incarne la clarté, l'ordre et l'élévation morale qui caractérisaient l'artiste et son époque.

La composition de Pampaloni se distingue par une sérénité sobre. Un médaillon en marbre représentant Morghen est placé dans une niche architecturale encadrée de pilastres et d'un fronton classique. En dessous, deux figures allégoriques, l'Art et la Renommée, symbolisent le deuil et l'immortalité. L'Art, voilé et contemplatif, se penche sur un parchemin et un stylet, tandis que la Renommée lève une couronne de laurier vers le ciel, un geste empreint de dignité plutôt que de triomphe. La géométrie épurée, la netteté des drapés et l'absence de sentimentalisme excessif évoquent la grâce intellectuelle de la génération de Canova. Ce n'est pas un tombeau de passion ou de pathétique, mais de discipline, de mesure et de raison – un hommage approprié à un artiste dont le savoir-faire a transformé la précision en poésie.

Par sa sérénité, le dessin de Pampaloni reflète l'art même de Morghen : chaque ligne est exacte, chaque contour lumineux. Placé parmi les tombeaux de Michel-Ange, Galilée et Alfieri, il inscrit le graveur dans la continuité du génie florentin, de ceux qui, par la force de leur esprit, ont cherché à rendre la perfection éternelle.

Né à Naples en 1758 dans une famille de graveurs, Raffaello Sanzio Morghen fut nommé en hommage à Raphaël, le maître de la Renaissance dont l'harmonie et la grâce allaient devenir la pierre angulaire de son œuvre. Formé par son père, Filippo Morghen, puis auprès de Giovanni Volpato à Rome, il maîtrisa l'art exigeant de la gravure sur cuivre avec une sensibilité et une précision extraordinaires.

Last Supper engraving

Morghen acquit une renommée européenne grâce à ses gravures d'après La Cène de Léonard de Vinci 1 et La Transfiguration de Raphaël2, œuvres qui diffusèrent l'image de la Haute Renaissance dans tous les foyers et académies cultivés des Lumières. Ses estampes étaient célébrées pour leur équilibre des lignes et de la lumière, leur capacité à traduire la peinture en pure expression intellectuelle.

Nommé professeur à l'Académie des Beaux-Arts de Florence, Morghen s'y installa et devint le plus grand représentant de la gravure néoclassique italienne. Il fut anobli par le pape Pie VII, honoré par Napoléon et admiré tant par Goethe que par Canova. À sa mort en 1833, Florence lui rendit hommage en l'inhumant à Santa Croce, le « Temple des Gloires Italiennes », où le monument de Pampaloni conserve son effigie en marbre, un artisan élevé au rang de philosophe et de poète du burin.3

  • 1. Galerie nationale d'art
  • 2. La collection royale
  • 3. Le burin est un outil de coupe polyvalent, connu en archéologie comme un ciseau préhistorique en silex servant à sculpter l'os et le bois, et en gravure comme un outil en acier (graveur) à pointe en forme de losange permettant de tracer des lignes sur des plaques de métal. Le terme désigne également le style d'un graveur ou une table design contemporaine inspirée de ces outils. Il s'agit essentiellement d'un instrument pointu et tranchant utilisé pour la gravure et la sculpture de précision sur différents matériaux, des outils de l'âge de pierre aux œuvres d'art.