Crucifixion - Montresor, France

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Crucifixion

 

Le vitrail de la Crucifixion de l'église Saint-Jean-Baptiste de Montrésor, en Indre-et-Loire, est l'un des plus beaux exemples de vitrail du début du XVIe siècle conservés dans la vallée de la Loire. Occupant une haute lancette gothique divisée en plusieurs lancettes verticales, il dépeint avec force le récit de la Passion du Christ, rendu dans la richesse des couleurs et des formes caractéristiques de la Renaissance.

Ce vitrail date d'environ 1530 à 1545. Bien qu'il conserve l'encadrement gothique ogival de l'église, son style relève résolument de la Renaissance française, marqué par un sens accru de la perspective, une composition équilibrée et un humanisme classique. Il fut probablement commandé par Imbert de Batarnay, seigneur de Montrésor, puissant courtisan et conseiller de plusieurs rois de France, qui finança en grande partie la décoration de l'église à cette époque.

Du point de vue stylistique, ce vitrail appartient à l'école de Tours, un centre régional de production de vitraux actif au début du XVIe siècle. Les artistes responsables restent anonymes, mais leur œuvre témoigne de l'influence de peintres tels que Jean Pénicaud l'Ancien et Jean Cousin l'Ancien, dont l'art alliait la vigueur de l'artisanat local à la grâce du design italien.

 

 

Au sommet du vitrail se trouve la Crucifixion. Le Christ est suspendu à la croix centrale, flanqué des deux larrons, tandis que des anges planent au-dessus de lui pour recueillir le sang qui coule de ses plaies. Autour du pied des croix se rassemblent la Vierge Marie, saint Jean, des soldats et des personnes en deuil, chaque figure animée de gestes expressifs et de visages d'un réalisme poignant. Les bleus profonds et les rubis du ciel et des vêtements, associés à de délicates nuances de grisaille, confèrent à la scène à la fois éclat et gravité.

 

 

En dessous, des registres successifs relatant les événements qui ont conduit à la Crucifixion. Au registre médian, le Christ est représenté portant la croix, entouré d'un tumulte de soldats et de disciples vêtus de costumes Renaissance aux couleurs chatoyantes. Dans les panneaux inférieurs figurent la Flagellation et la Moquerie envers le Christ, rendues avec une énergie saisissante : des soldats en chausses brillantes et bonnets à plumes fouettent et raillent le Christ, ligoté et épuisé, qui endure son supplice. La disposition des scènes crée une progression verticale de la souffrance à la rédemption, culminant dans la figure du Christ élevé sur la croix au-dessus de toute agitation terrestre.

Au XIXe siècle, le vitrail a été restauré, très probablement par l'atelier Lobin de Tours, dirigé successivement par Julien-Léopold et Lucien-Léopold Lobin, réputés pour leur travail minutieux de conservation des vitraux de la Renaissance dans toute la vallée de la Loire. Grâce à leur intervention, la Crucifixion de Montrésor conserve une grande partie de sa splendeur originelle et de sa force narrative.