Brigitte Simon-Marq

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Née en 1926 au sein de la famille Simon, verriers de Reims de longue date, Brigitte Simon était la fille de Jacques Simon (1890-1974), dont l'atelier était déjà réputé pour ses restaurations de monuments historiques et ses  commissions ecclésiastiques. Elle fit ses premières armes dans l'atelier paternel, acquérant les techniques traditionnelles de peinture, de taille et de sertissage du verre qui caractérisaient le savoir-faire familial depuis le XVIIe siècle.

Après des études et une pratique artistique à Paris, Brigitte Simon rencontra Charles Marq (1923-2006), peintre et verrier, qu'elle épousa par la suite. Elle partageait avec lui un profond intérêt pour le renouveau de l'art sacré à travers la composition contemporaine. De retour à Reims, le couple prit la direction de l'entreprise familiale en 1957, marquant le début d'une nouvelle ère dans la longue histoire de l'atelier.

Sous leur direction conjointe, l'atelier, désormais connu sous le nom d'Atelier Simon-Marq, devint un lieu de collaboration entre artisans et artistes majeurs du XXe siècle. Collaborant avec des figures telles que Marc Chagall, Roger Bissière et Joan Miró, Brigitte Simon et Charles Marq ont transposé la peinture moderne dans le médium lumineux du vitrail, unissant innovation artistique et précision technique. Parmi leurs œuvres figurent les célèbres vitraux Chagall des cathédrales de Metz et de Reims, projets qui ont valu une reconnaissance internationale aux artistes et à l'atelier.

À la fois créatrice et artisane, Brigitte Simon incarnait l'union de l'art et de la tradition qui caractérise le meilleur du vitrail français d'après-guerre. Son sens aigu de la couleur, sa sensibilité à la lumière architecturale et son engagement dans la création collaborative ont assuré la pérennité de l'héritage Simon à l'époque contemporaine. À sa disparition en 2009, la direction de l'atelier a été confiée à son fils, Benoît Marq, douzième génération de la famille à perpétuer la tradition de de Reims.

 

Water

 

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Installées en 1961 dans le transept sud de la cathédrale de Reims, près des fonts baptismaux, ces trois hautes fenêtres ogivales de Brigitte Simon et Charles Marq ont marqué un tournant dans le langage visuel du vitrail sacré au sein du style gothique. Créées sous l'égide de l'historique Atelier Simon-Marq, elles reflètent l'esthétique à la fois radicale et profondément spirituelle que le couple a introduite dans l'art ecclésiastique du milieu du XXe siècle.

La conception abandonne la représentation figurative traditionnelle au profit d'un jeu abstrait de lumière, de texture et de mouvement. Chaque panneau est constitué d'un dense réseau de motifs linéaires entrelacés évoquant la croissance organique ou l'écoulement de l'eau, dans une palette discrète de verts, d'or et d'argent. Le réseau rythmique de plomb et de couleur incarne à la fois l'énergie et le calme, une évocation de renouveau spirituel juste avec son emplacement près des fonts baptismaux.

Lors de leur inauguration, les vitraux suscitèrent une vive controverse parmi les paroissiens et les visiteurs, dont beaucoup estimaient que le style moderne détonait avec l'architecture du XIIIe siècle de la cathédrale. Pourtant, l'œuvre fut rapidement reconnue pour sa sensibilité à la lumière médiévale de l'édifice et sa capacité à faire le lien entre passé et présent. La subtile manipulation de la translucidité par les artistes permet à la pierre gothique de conserver sa prédominance, tout en insufflant à l'espace une luminosité vivante qui se transforme au gré du jour.

Les vitraux du transept de Reims préfigurent les collaborations que Brigitte Simon et Charles Marq entreprendront une décennie plus tard avec Marc Chagall pour la chapelle axiale de la cathédrale. Dans ces premières œuvres, leur approche est plus austère, mais révèle déjà leur philosophie singulière : le vitrail sacré doit être un lieu de contemplation plutôt qu'un support narratif. L'ensemble représente aujourd'hui un moment charnière du renouveau du vitrail français après la Seconde Guerre mondiale, emblématique de la fusion opérée par l'atelier Simon-Marq entre savoir-faire traditionnel et expression moderne.

 

Earth Fire Water

 

Earth Fire Water

 

 

Les grisailles qui se trouvent dans le transept nord représentent le feu, la terre et l'air et ont été installés entre 1978 et 1981.