11 sept. 2009

Vitraux antérieurs au XIXe siècle en Angleterre

Submitted by walwyn
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Le vitrail médiéval et de la Renaissance en Angleterre

Origines et premiers développements (XIIᵉ–XIIIᵉ siècles)

Le vitrail apparut en Angleterre à la fin du XIᵉ siècle et au début du XIIᵉ siècle, parallèlement à l’essor des grandes cathédrales romanes et gothiques. Les premiers exemples conservés — notamment à la cathédrale de Cantorbéry (vers 1178–1220) et à York Minster — révèlent l’influence des modèles continentaux, en particulier français, issus de Chartres et du Mans. Ces vitraux précoces combinaient des couleurs intenses et translucides avec un réseau épais de traits noirs, produisant des compositions à la fois décoratives et didactiques.

La fonction du vitrail, à ce stade, était avant tout théologique : il s’agissait d’incarner la lumière divine et de rendre visibles les récits sacrés des Écritures pour un public largement illettré. Les figures, monumentales et stylisées, étaient encadrées de médaillons ou d’arcades architecturales, et la peinture sur verre, à base d’oxyde de fer, était appliquée sur du verre coloré dans la masse avant d’être cuite pour en assurer la permanence.

Le style décoré (vers 1300–1350)

Au début du XIVᵉ siècle, la peinture sur verre anglaise atteignit un haut degré de raffinement technique et d’expression artistique. La période gothique dite « decorated » introduisit une approche plus naturaliste du dessin des figures, du drapé et des expressions. Les harmonies chromatiques devinrent plus équilibrées : des verts, des ambres et des blancs teintés à la grisaille adoucirent la vivacité des rouges et des bleus antérieurs.

C’est également à cette époque qu’apparut le motif architectural du baldaquin gothique — de petites structures miniaturisées peintes au-dessus ou autour des figures — qui reflétait la fascination médiévale pour la micro-architecture et reproduisait en miniature les formes du tracé en pierre. Les exemples conservés à York Minster, à la cathédrale d’Exeter et dans certaines églises paroissiales comme Fairford ou Long Melford témoignent du raffinement de cet art au XIVᵉ siècle.

Le gothique perpendiculaire (XVe siècle)

La fin du Moyen Âge vit à la fois continuité et transformation. L’avènement du style Perpendicular, propre à l’Angleterre, entraîna la construction de fenêtres plus hautes et plus ajourées, qui nécessitèrent de nouvelles stratégies de composition. Les scènes narratives en médaillons furent remplacées par des séquences verticales ou de grandes figures isolées logées sous des niches architecturales. L’introduction de larges zones de verre blanc augmenta la luminosité intérieure, donnant aux édifices une lumière argentée et diffuse.

Des ateliers prospéraient à Londres, Norwich, Coventry et Oxford, chacun développant un style identifiable. Les portraits de donateurs — marchands, clercs, ou membres de corporations — devinrent de plus en plus fréquents, reflétant à la fois la piété individuelle et la fierté civique. Le programme vitré de la chapelle du King’s College à Cambridge (1446–1515) représente l’apogée de cette période : une synthèse magistrale de théologie, de dessin et de maîtrise de la lumière.

La Renaissance et la Réforme (XVIᵉ siècle)

Au début du XVIᵉ siècle, les verriers anglais commencèrent à assimiler certains principes de la Renaissance venus des Flandres, de France et d’Allemagne. Les figures prirent des proportions plus classiques, le modelé se fit plus pictural, et la teinte à l’argent fut utilisée pour créer des effets d’ombre et de lumière. Toutefois, cet épanouissement fut de courte durée : la Réforme (1530–1560), suivie des vagues d’iconoclasme sous Édouard VI puis sous les Puritains, provoqua la destruction de milliers de vitraux. Dans de nombreuses régions, seuls des fragments subsistèrent, souvent remontés plus tard en compositions hétérogènes.

Survie, restauration et héritage

Malgré ces pertes, l’Angleterre conserve l’un des ensembles de vitraux médiévaux les plus riches d’Europe. Les cathédrales de York, Cantorbéry, Gloucester, Wells et Winchester, ainsi que de nombreuses églises paroissiales, renferment des panneaux couvrant quatre siècles de création. Le renouveau gothique du XIXᵉ siècle, conduit par des ateliers tels que Clayton and Bell, Charles Eamer Kemp et Morris & Co., s’inspira directement de ces modèles médiévaux, réhabilitant les techniques traditionnelles tout en leur insufflant la ferveur morale et esthétique victorienne.

Aujourd’hui, le vitrail médiéval et renaissant d’Angleterre est reconnu non seulement comme ornement architectural, mais comme un art monumental : une fusion de théologie, de lumière et de savoir-faire. Chaque panneau survivant constitue un document lumineux de dévotion, d’artisanat et de la persistance du dialogue entre la foi et le verre.