Portail du Jugement Dernier

Le portail central (appelé portail du Jugement dernier) fut le dernier des trois portails de la cathédrale Notre-Dame de Paris à être décoré. Il présente une image complète de l'eschatologie chrétienne : résurrection, jugement, récompense et châtiment. Il visualise le Jugement dernier comme un drame moral où cohabitent justice et miséricorde divines. Pour les spectateurs médiévaux entrant dans la cathédrale, cette image était à la fois un avertissement et une promesse : un rappel de responsabilité et de salut. Le programme sculptural s'harmonise avec l'architecture : le tympan pointu, les archivoltes et les figures des jambages guident le regard vers le Christ, symbolisant l'ascension de l'ordre terrestre vers l'ordre divin. Achevé à une époque de forte autorité royale et ecclésiastique à Paris, il reflète à la fois la sophistication intellectuelle du XIIIe siècle et le rôle de la cathédrale comme haut lieu de théologie et de pèlerinage.
Les travaux, commencés vers 1230, représentent le Christ en majesté (portant les marques de la Crucifixion), entouré de la Vierge Marie et de saint Jean. Sous la scène principale, saint Michel pèse les âmes des morts ressuscités. À gauche, les rachetés sont séparés, tandis que des démons emmènent les damnés à droite. En bas, les morts se relèvent de leurs tombeaux tandis que les anges sonnent des trompettes.

Au centre du portail, le Christ trône, dévoilant les plaies de la Crucifixion et levant la main droite en signe de bénédiction, tenant un lys et une épée, symboles de miséricorde et de justice. Il est entouré de la Vierge Marie et de saint Jean-Baptiste, agenouillés en intercession pour l'humanité (un motif traditionnel appelé Déësis). Deux anges se tiennent à leurs côtés, tenant les instruments de la Passion (la croix, les clous, la couronne d'épines). Au-dessus, dans les archivoltes, les anges et les ressuscités s'élèvent vers le ciel, formant une hiérarchie céleste.

Au centre se tient l'archange Michel, reconnaissable à ses ailes et à sa longue robe, tenant une balance où les âmes sont pesées. D'un côté, dans une touche vivante de narration gothique, un petit démon tire malicieusement, tentant de faire pencher la balance vers la damnation. Derrière Michel, à sa droite, se tiennent les sauvés, calmes et en prière, conduits par un ange vers les portes du paradis, représentées par une église miniature au-dessus de leurs têtes. À sa gauche, un démon emmène les damnés vers l'Enfer. Les condamnés paraissent angoissés et craintifs, leurs gestes animés contrastant avec la sérénité des sauvés. Ce registre visualise l'instant du jugement : le Christ a déjà prononcé ses verdicts, et maintenant, anges et démons les exécutent.
Les cercueils s'ouvrent tandis que les morts se relèvent de leurs tombes au son de la Dernière Trompette. Des silhouettes d'hommes et de femmes émergent, à moitié allongées, se frottant les yeux, s'étirant ou joignant les mains en prière. Certains sont encore enfermés dans leurs sarcophages de pierre, tandis que d'autres se tiennent libres, répondant à l'appel angélique. La diversité de leurs visages et de leurs postures souligne l'humanité sous toutes ses formes : jeune, vieux, clerc, laïc, une caractéristique du naturalisme gothique. La scène représente la Résurrection des Corps, premier acte du Jugement dernier, précédant la pesée des âmes
