Effigie de Donna Maria de Perea - Tolède, Espagne

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1500

Effigy of Donna Maria de Perea

 

L'effigie en albâtre de Donna María de Perea, épouse de Don García Osorio, forme l'homologue serein du monument de son époux. Ensemble, ils reposaient jadis côte à côte dans une chapelle de Tolède, immortalisés dans la pierre lumineuse prisée des sculpteurs castillans de la fin du XVe siècle. Conservée aujourd'hui au Victoria and Albert Museum de Londres, son effigie compte parmi les plus beaux exemples d'art funéraire espagnol, unissant la piété gothique à l'aube de la Renaissance.

 

Effigy of Donna Maria de Perea

 

Donna María est représentée allongée sur deux coussins, son corps enveloppé dans les plis souples et rythmés d'une longue robe et d'un voile. Ses mains sont jointes autour d'un chapelet aux grains délicatement sculptés, sa tête doucement inclinée en méditation. L'attention portée par le sculpteur aux étoffes – la netteté des draperies, le poli du tissu, la finesse du voile incisé – révèle une maîtrise technique et une profonde sensibilité à la dignité sereine de la défunte. Le léger mouvement de la tête et les lèvres entrouvertes confèrent à l'effigie un naturalisme tendre, rare dans les effigies espagnoles de cette période.
 

Effigy of Donna Maria de Perea

À ses pieds repose une jeune femme en deuil, la main soutenant sa tête dans une attitude de profonde tristesse. Allégorie de la Douleur ou représentation symbolique du chagrin filial, elle fait écho à la quiétude qui la surplombe, transformant le monument en un dialogue entre paix et deuil.

L'alliance de la ferveur spirituelle et d'un réalisme délicat dans cette effigie suggère un sculpteur formé dans le même cercle tolédan que celui qui a réalisé le tombeau de Don García, peut-être influencé par Egas Cueman ou Sebastián de Almonacid. Son chapelet, sculpté dans ses mains jointes, témoigne de l'importance croissante accordée à la dévotion personnelle parmi les nobles castillans aux alentours de 1500.

Bien que déplacée de sa chapelle d'origine, l'effigie de Donna María de Perea demeure une image profondément humaine : celle d'une noble dame représentée non comme un emblème lointain de vertu, mais comme une âme en prière. La subtile représentation du repos par l'artiste, alliée à la chaude translucidité du marbre, saisit l'essence même de l'art funéraire espagnol dans ce qu'il a de plus intime — où la foi, le souvenir et la tendresse perdurent au-delà de la mort.